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Déficit de l’attention et/ou hyperactivité : quel traitement ?

En cas de trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), l’équipe médicale met en place d’abord un traitement non médicamenteux (psychothérapie, rééducation, guidance des parents). Si celui-ci reste insuffisant, un médicament psychostimulant peut être prescrit dans certains cas.

 

Comment aider un enfant ayant un déficit de l’attention, impulsif et/ou hyperactif ?

Pour être efficace, la prise en charge de l’enfant présentant un TDAH est pluridisciplinaire.  Elle est la plus précoce possible dès que le diagnostic de TDAH est posé par un médecin spécialiste. Elle est adaptée aux symptômes de l’enfant et à leur sévérité et au contexte sociofamilial.

Selon les besoins de l’enfant, le traitement fait appel à la psychothérapie, aux aides psycho-éducatives et familiales. Il fait intervenir, en coordination avec le médecin traitant ou le pédiatre, un psychiatre, un psychologue, un psychomotricien, un orthophoniste, un ergothérapeute et un assistant social.

S’il n’existe aucun traitement guérissant le TDAH, un ensemble de mesures permettent de réduire autant que possible les symptômes. Elles atténuent aussi les conséquences du TDAH sur le développement de l’enfant, et sur ses relations avec son entourage.

Le traitement du TDAH commence toujours par une amélioration des habitudes de vie, par un accompagnement scolaire et éducatif ainsi que par des mesures non médicamenteuses, apportant une aide à l’enfant comme aux parents. Les médicaments ne sont recommandés qu’en cas d’insuffisance ou d’échec de la psychothérapie, des mesures éducatives et sociales chez l’enfant de plus de 6 ans.

La prise en charge non médicamenteuse de l’enfant présentant un TDAH

La prise en charge thérapeutique implique toujours une collaboration entre l’enfant, les parents et les enseignants, et comporte plusieurs volets.

Aide des parents et de l’enfant

L’information et la guidance des parents : la psycho-éducation et l’éducation thérapeutique

La psycho-éducation s’adresse aux parents et à leur enfant. Elle se déroule soit au cours de consultations classiques chez l’un des professionnels de santé qui s’occupe de l’enfant, soit lors de sessions spécifiques (groupe de parents).

La psycho-éducation permet :

  • d’expliquer le TDAH aux parentes et à l’enfant et de répondre à leurs questions ;
  • d’accompagner les familles et de leur expliquer les options de traitement.

La mise en place d’une coopération parent-enseignant est également abordée et développée.

Une fois que les explications sur les symptômes et leur impact sur la vie quotidienne ont été données, le thérapeute explique les stratégies possibles pour l’amélioration du quotidien, gérer les troubles du comportement, améliorer la communication avec l’enfant, etc.

Les Programmes d’Entraînement aux Habilités Parentales (PEHP)

Ces programmes spécifiques sont destinés aux parents afin de les aider dans l’éducation. Ils s’appuient sur des thérapies comportementales, cognitives et émotionnelles et sont mis en place le plus souvent en groupe et permettent ainsi des échanges entre les familles.

Ces programmes ont pour objectif de renforcer les compétences familiales pour aider les parents à mieux gérer les comportements de leur enfant, à faire face aux situations difficiles et à leur apprendre les stratégies utiles et adaptées aux troubles de leur enfant.

Pour les parents, un programme dit d’entraînement aux habiletés parentales peut leur être proposé. Il leur permet de :

  • mieux comprendre les difficultés et comportement de leur enfant ;
  • trouver des stratégies pour gérer ces difficultés et motiver un changement de comportement ;
  • permettre un meilleur fonctionnement au sein de la famille à long terme et une meilleure qualité de vie pour la famille et l’entourage. 

 

Quelle psychothérapie proposer à un enfant souffrant d’un déficit de l’attention et/ ou hyperactif ?

La psychothérapie est individuelle ou en groupe. Elle est recommandée lorsque des symptômes anxieux ou dépressifs existent ou lorsque l’enfant ou l’adolescent a des difficultés à gérer ses émotions.

Elle utilise généralement différentes techniques et en particulier la thérapie comportementale, cognitive et émotionnelle, agissant sur le comportement, les pensées, les émotions. Durant les séances, l’enfant apprend à s’auto-observer, à résoudre ses difficultés et à modifier ses comportements, par le biais de nouveaux apprentissages. Ensuite, il les met en pratique dans son quotidien, avec la collaboration de son entourage familial et scolaire.

D’autres approches psychothérapeutiques ainsi que des thérapies alternatives (ostéopathie, acupuncture, etc.) existent, mais ne sont pas suffisamment évaluées pour être recommandées.

La rééducation des troubles associés au TDAH

Selon les cas, il peut s’agir :

  • de séances d’orthophonie, en cas de troubles du langage écrit, du langage oral ou de troubles logico-mathématiques ;
  • d’une rééducation en ergothérapie et/ou en psychomotricité, si l’enfant a des difficultés dans l’acquisition de la coordination motrice (dyspraxie) avec des répercussions dans la scolarité ou la vie quotidienne.

Pour en savoir plus sur la rééducation, consulter le site Allo Ortho

Trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité : quels médicaments ?

Si votre enfant a un TDAH, le traitement par un médicament :

  • n’est pas systématique ;
  • n’est prescrit que si les mesures non médicamenteuses sont insuffisantes ;
  • ne se substitue en aucun cas aux mesures non médicamenteuses qui doivent être poursuivies en parallèle (suivi psychologique, rééducation, accompagnement familial) ;
  • doit être choisi et mis en place par un médecin spécialiste du TDAH, qui apprécie le rapport entre les risques du traitement et les bénéfices attendus.

Les médicaments prescrits en cas de TDAH sont des psychostimulants (famille des psychotropes), qui ont pour rôle de stimuler le système nerveux central (cerveau). Un seul de ces produits est disponible en France : le méthylphénidate. Ce médicament existe en forme à libération immédiate et en forme à libération prolongée, le plus souvent prescrite.

Ce traitement a pour but d’améliorer l’attention, les performances et la concentration de l’enfant pour soutenir le travail psychothérapeutique et éducatif.

Si votre enfant a un traitement prolongé par méthylphénidate, votre médecin peut envisager d’arrêter le traitement pendant une courte durée : on parle de fenêtre thérapeutique. Ceci peut se faire au moment des vacances scolaires. Cette interruption indique si le médicament est toujours nécessaire.

Le Conseil de l’enfance et de l’adolescence, alerte, dans son rapport du 7 mars 2023, sur l’augmentation de la consommation de méthylphénidate entre 2011 et 2019 et sur la durée longue des traitements.

La prise de méthylphénidate nécessite une surveillance médicale étroite. En effet, cette substance, dérivée des amphétamines, peut avoir divers effets secondaires : insomnie, ralentissement du développement staturo-pondéral, palpitations cardiaques, diminution de l’appétit et perte de poids, céphalées, diarrhée et douleurs abdominales, troubles de l’humeur, tics, agressivité, anxiété, dépression…

Les conditions de prescription de ce médicament sont ainsi très strictes :

  • le méthylphénidate est réservé aux enfants de plus de 6 ans ;
  • le traitement doit être initié et renouvelé annuellement par un médecin spécialiste des troubles du comportement de l’enfant et/ou de l’adolescent (psychiatre, neurologue, pédiatre) ;
  • dans les périodes intermédiaires, tout médecin peut renouveler la prescription et l’adapter ;
  • la prescription est faite pour une durée maximale de 28 jours sur une ordonnance sécurisée. Elle détaille très précisément les quantités prescrites pour une période définie par des dates. Pendant la durée couverte par cette ordonnance, aucune prescription similaire émanant d’un autre médecin n’est autorisée ;
  • le médicament est délivré dans une pharmacie choisie par les parents mentionnée sur l’ordonnance. L’ordonnance initiale, datant de moins d’un an, doit être présentée au pharmacien avec chacune des ordonnances de renouvellement (tous les 28 jours) rédigée par un médecin de ville.
    Ce médicament existe sous plusieurs formes et dénominations (Ritaline® et son générique, Concerta® et ses génériques, Quasym®, Medikinet®), et est administré selon des doses progressives. Le médecin prescripteur surveille en particulier le poids et la taille de l’enfant, le produit pouvant aussi engendrer un retard de croissance. Dans la plupart des cas, les effets secondaires s’estompent progressivement.

Lors de la mise en place du traitement, sa durée prévisible est difficile à estimer. Le traitement peut être arrêté rapidement :

  • en cas d’effets indésirables importants ;
  • en cas de perte d’efficacité ;
  • si l’enfant, l’adolescent et sa famille le souhaitent, notamment lorsque les soins non médicamenteux semblent apporter suffisamment d’aide.

Par ailleurs, si l’enfant présente une carence en fer, une supplémentation en fer peut être prescrite.

 

Ce contenu est rédigé par :

  • le docteur Laurence Rinuy, médecin-conseil à l’Assurance Maladie,
  • le docteur Myriam Boivin, médecin-conseil à l’Assurance Maladie,
  • et le docteur Jean-François Laurent, pharmacien-conseil à l’Assurance Maladie.

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